25 avr 2025
Comme on vous le répète souvent, l’anglais est omniprésent. Dans les offres d’emploi, les séries, les outils numériques, les voyages, les réunions Zoom… Pourtant, les Français ont la réputation d’être mal à l’aise avec les langues étrangères, et particulièrement la langue de Shakespeare. Pourquoi ce décalage persiste-t-il ? Est-ce une question de pédagogie, de culture, ou simplement de motivation ? Décryptage d’un blocage bien français – et des pistes pour le dépasser.
Une question d’apprentissage ? Les limites du système scolaire français
Le premier facteur souvent pointé du doigt, c’est l’école. Si l’anglais est enseigné dès le primaire depuis plusieurs années, la méthode reste majoritairement axée sur l’écrit, la grammaire et la traduction. Résultat : des générations d’élèves capables de décortiquer une phrase au passé simple, mais paralysés dès qu’il s’agit de tenir une conversation.
L’oral, pourtant essentiel pour progresser réellement, est peu pratiqué. Et quand il l’est, c’est souvent dans un cadre artificiel, peu engageant, voire anxiogène. L’angoisse de faire des fautes, le manque d’interaction authentique, la peur du jugement… Tout cela freine l’expression orale, pourtant moteur d’apprentissage.
Une méthode plus immersive est préférable lorsque l’on apprend une langue. C’est en procédant ainsi que l’on peut dépasser les blocages, comme on le ferait pour une langue maternelle : écouter et répéter d’abord, avant de se plonger dans la grammaire.
La peur de s’exprimer et de mal faire ? Un frein culturel très français
Au-delà de l’école, il existe en France une culture de la « bonne langue » très ancrée. On valorise la correction grammaticale, la précision du mot juste, la maîtrise syntaxique. Ce perfectionnisme linguistique, qui fait la richesse du français, devient un piège quand il s’agit d’apprendre une langue étrangère. Les apprenants français attendent trop souvent de parler « parfaitement » avant d’oser s’exprimer.
Dans d’autres pays, comme les Pays-Bas ou les pays nordiques, la priorité est donnée à la communication, même imparfaite. Faire des fautes n’est pas dramatique, tant qu’on se fait comprendre. En France, au contraire, l’erreur est souvent vécue comme une honte – un frein redoutable à la prise de parole. De plus, l’accent est souvent moqué, ce qui n’aide pas à prendre la parole.

Une exposition au monde limitée ? La France en retard sur les autres pays
Malgré la mondialisation, les Français restent moins exposés à l’anglais que d’autres populations européennes. Dans les pays scandinaves, les séries, les films ou les émissions sont rarement doublés, mais sous-titrés en version originale. Résultat : l’oreille s’habitue naturellement à la langue. En France, la tradition du doublage limite ce bain linguistique passif mais efficace.
Autre obstacle : le manque d’opportunités concrètes de parler anglais. En France, on peut vivre, travailler, voyager, parfois même faire carrière sans jamais avoir besoin de l’utiliser réellement. Et quand l’occasion se présente le réflexe reste souvent de chercher un collègue « meilleur en anglais », ou de revenir au français dès que possible.
Comment améliorer le rapport des Français à l’anglais ?
Reprendre confiance en soi
Apprendre une langue, c’est avant tout un acte de confiance. Et ce point est souvent sous-estimé. Beaucoup d’adultes français gardent un mauvais souvenir de leurs cours d’anglais : notes sévères, moqueries, oraux stressants… Ce passif scolaire laisse des traces. Il renforce le sentiment d’être « nul en anglais », comme s’il s’agissait d’une fatalité.
Or, l’apprentissage d’une langue est un processus continu, non linéaire, qui peut être relancé à tout âge – à condition de retrouver du plaisir, de l’envie et de la bienveillance envers soi-même.
Évaluer son niveau
Beaucoup de Français pensent être mauvais sans avoir une idée précise de leur niveau réel. Pourtant, une évaluation objective permet de mieux cibler ses besoins. Plusieurs outils gratuits existent aujourd’hui pour faire un premier bilan : tests en ligne, plateformes comme le CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues), ou encore les certifications reconnues comme le TOEIC ou le Cambridge.
Évaluer son niveau, ce n’est pas se juger, c’est faire un état des lieux pour apprendre plus efficacement, avec des objectifs clairs et atteignables. C’est aussi souvent l’occasion de constater que l’on a plus de bases qu’on ne le croit !
Consommer du contenu en anglais
Séries, films, podcasts, vidéos YouTube, livres ou articles en ligne : les ressources sont infinies, souvent gratuites, et adaptées à tous les niveaux. Commencez par activer les sous-titres en anglais (plutôt qu’en français) pour habituer votre oreille à la langue.
Nos conseils pour s’améliorer en anglais
Heureusement, les choses changent. Et des solutions existent. En voici quelques-unes pour redonner confiance et redémarrer un apprentissage plus fluide :
Reprendre l’anglais à l’oral dès le début, avec des méthodes immersives, des coachs ou des plateformes interactives.
- Ne plus viser la perfection, mais la communication. L’objectif : se faire comprendre, pas réciter du Shakespeare.
- Consommer du contenu en anglais, au quotidien : podcasts, séries, vidéos, sans pression de tout comprendre.
- Travailler un anglais utile, concret, en lien avec ses objectifs : professionnels, personnels ou touristiques.
Accepter les erreurs comme un passage obligé, non comme un échec.
Les difficultés des Français avec l’anglais ne sont pas une fatalité, mais le fruit d’un héritage éducatif, culturel et psychologique. La bonne nouvelle, c’est que ce n’est jamais trop tard pour reprendre confiance et progresser. Il suffit de changer de méthode, d’état d’esprit… et de se lancer. Parce qu’après tout, parler anglais, ce n’est pas une question de talent, mais de pratique, de plaisir…et de persévérance.