21 oct 2018
Lorsque vous travaillez, vous cumulez des heures de formation au titre du CPF (Compte Personnel de Formation). Vous pouvez utiliser ces heures pour suivre une formation sur un domaine qui a de l’importance pour votre projet professionnel (l’informatique, l’anglais...). Cette formation doit se terminer par une certification. Pour l’anglais il s’agit, entre autres, du test TOEIC ou du BULATS. Le CPF remplace le DIF depuis le 1er janvier 2015. Les heures DIF peuvent être reportées sur votre compte CPF.
Découvrez le billet de Natanaël WRIGHT, PDG Wall Street English France,
sur le blog wallstreetenglish.fr.
Depuis 2008, avec l’instauration du Droit Individuel à la Formation (DIF), toutes les réformes de la formation professionnelle basculent progressivement les budgets de formation de l’entreprise vers les individus.
A partir de 2008, chaque salarié pouvait cumuler des droits à hauteur de 20h de formation par an, avec un plafond à 120h. Si les droits étaient acquis, la mobilisation de ces droits était néanmoins soumise à la validation de l’employeur, ce qui a considérablement pénalisé le DIF
En 2015, avec le CPF, la loi allait pousser le transfert de l’entreprise vers l’individu en supprimant la nécessité d’obtenir l’accord de l’entreprise.
Le Gouvernement faisait le constat que nous partageons que lorsque les fonds sont contrôlés par les entreprises, les entreprises cherchent avant tout à servir leurs intérêts et non ceux des salariés. Ceci est normal. Moralité, la majorité des budgets étaient destinés aux cadres des entreprises laissant les personnes ayant le plus besoin de formations pour progresser sur le bord de la route.
La nouvelle loi, en permettant aux salariés de se former sans avoir besoin de l’aval de son employeur, sans même que celui-ci soit au courant (!), permettra de répondre aux aspirations des salariés et à leur « liberté de choisir leur avenir professionnel », ce qui est le titre de la loi.
Peut-être ont-ils prévu de changer d’entreprise, ou de secteur, ou de région ? Si tel est le cas, il est clair que les intérêts du salarié divergent de ceux de son entreprise. En donnant au salarié le choix de choisir sa formation, le Gouvernement cherche à augmenter la mobilité des salariés soit dans leur propre entreprise, soit d’entreprise à entreprise, soit de secteur à un autre, soit d’une région à un autre. Or la mobilité et la formation sont les clés de la réduction du chômage.
2015-2018 : La bulle du financement du CPF
Le lancement du CPF a été compliqué. Pendant 6 mois, personne ne savait comment utiliser les fonds. Puis ce sont les salariés qui dans leur grande majorité n’étaient pas au courant de leurs droits, les entreprises ne les ayant pas informés.
Le CPF étant à la main des salariés, les employeurs ont botté en touche : si vous voulez vous former, débrouillez tous seuls et hors temps de travail.
Conséquence, les fonds étaient là et la demande ne l’était pas.
Les OPCAs, à qui incombait la responsabilité de répartir ces fonds ont donc trouvé des parades pour faire face à la faible demande : si peu de personnes se formaient, alors celles qui faisaient l’effort allaient pouvoir bénéficier de budgets conséquents, et de formations longues et complètes. Les autres en profiteraient par la suite, quand ils feraient leur propre demande.
Non seulement le taux de prise en charge des heures de formation s’est envolé à quelques 40€ en moyenne, donnant à toute personne ayant cumulé le maximum de droits possiblse (150h) un budget moyen de 6000€, mais en sus, les OPCAs ont décidé d’offrir des heures gratuites en sus aux salariés en ayant besoin (ce que l’on appelle « l’abondement »). Nous étions clairement dans une bulle, une bulle liée à la faible demande en CPF.
NON, la nouvelle réforme du CPF ne va pas priver
les salariés de 60% de leurs droits.
D’où vient la crainte ?
Pendant l’année 2018, les salariés, nous l’avons vu plus haut, pouvaient bénéficier en moyenne de budgets de 6000€ (150h X 40€ de l’heure) car peu de personnes les utilisaient.
Le Gouvernement a prévu de convertir les heures des salariés en euro, c’est la monétisation du CPF. Un salarié bénéficiant du maximum d’heures possibles (150h) va donc officiellement voir son compter passer de 150h (et 6000€) à environ 2200€, soit effectivement un baisse de 64%.
De plus, il était prévu que les OPCAs arrêtent de gérer les fonds du CPF à la fin 2018, et qu’aucun système d’abondement n’était envisagé. Il y avait donc un risque de voir les droits chuter brutalement de 6000€ à 2200€.
Pour éviter ce risque il suffisait :
- De demander aux OPCAs de continuer à gérer les droits du CPF en 2019, afin d’éviter toute rupture opérationnelle dans le traitement du CPF,
- De permettre aux OPCAs de continuer à abonder en fonction de l’état de leurs budgets.
Force est de constater que le Gouvernement a entendu les craintes des professionnels du secteur et des syndicats en inscrivant, dans la loi votée le 5/9/18, que les OPCAS gèreront les fonds du CPF jusqu’à la fin 2019 et auront la faculté d’abonder en euro si leurs finances le leur permettent.
Il est donc faux de dire que la nouvelle réforme du CPF
va priver les salariés de 60% de leurs droits :
La seule chose qui puisse réduire significativement, mais temporairement les budgets des salariés serait l’envolée des demandes de CPF. Les budgets étant mutualisés, si plus de personnes font des demandes, les capacités d’abondement deviendront nulles, toute comme aujourd’hui, les financements sont élevés car la demande demeure faible.
Il était important que le Gouvernement permette au nouveau système
de s’adapter à la demande et il l’a fait.
Natanaël WRIGHT,
PDG Wall Street English France